La qualité de l’huile d’olive vierge extra est une question «politique». Qui pense au consommateur ?

12 mai 2017

Les embouteilleurs ont approuvé des normes pour « empêcher certains aspects critiques de la gestion des entreprises ». Le but est d’ordre politique : améliorer l’image et établir des relations plus sereines avec le secteur agricole. Mais également « légitimiser certaines demandes à adresser à la politique que la Federolio considère comme essentielles ».

Après une navigation à l’apparence pacifique lors de la campagne oléique, à la lumière des événements récents, Federolio tente de remédier, en envoyant à ses propres associés la communication de nouvelles normes volontaires, approuvées à l’unanimité par le Conseil de direction, en date du 23 avril 2015.

Les enquêtes judiciaires en cours ont en effet suggéré au Président Masturzo de mettre les entreprises associées en garde, par lettre datée 12 novembre 2015.

Dans la lettre, nous pouvons lire : « … les normes Federolio visent à empêcher certains aspects critiques de la gestion des entreprises du secteur du commerce et du conditionnement de l’huile d’olive.

Plus précisément, celles-ci visent à empêcher les aspects critiques plus proprement « politiques », qui affectent donc de manière significative l’image et la crédibilité des entreprises associées et de l’association même, ce qui les expose aux attaques systématiques des médias et aux dures critiques du monde agricole, ainsi que, naturellement, aux réclamations de la part des organes de contrôle.

Ces aspects sont les suivants :

1. la présence présumée d’huiles désodorisées dans des huiles présentées comme vierge extra ou vierge ;

2. l’indication de l’origine des produits ;

3. le niveau insatisfaisant de la qualité de certaines huiles vierge extra (mélange d’huiles vierges avec des huiles vierge extra, panel test)… ».

Mais quels sont les objectifs que ces normes ?

« … a. améliorer l’image du secteur, en en soustrayant la gestion aux risques de réclamations et d’attaques, et par conséquent

b. établir une relation plus sereine avec le monde de la production, sans pour autant renoncer à clarifier la réalité dans laquelle se trouve actuellement l’oléiculture nationale ;

c. Légitimiser certaines demandes à adresser à la politique que la Federolio considère comme essentielles.

Des demandes justes, mais qui ont peu de chance d’être acceptées sans le soutien de l’ensemble de la filière.

Je fais en particulier référence :

– à l’obtention de la reconnaissance et de la protection sous diverses formes de l’ « italianité » de la gestion du secteur du commerce et du conditionnement de l’huile d’olive ;

à l’obtention de la reconnaissance de la co-responsabilité de la grande distribution conformément aux normes en vigueur des produits commercialisés par celle-ci (art. 8 par. 3, du Règ. UE 1169/2011 et de l’article. 17 du Règ. UE 178/2002)… ».

Dans la lettre, il est en outre précisé que les normes ne sont pas obligatoires mais également que, pour ceux qui ne les respectent pas, celles-ci constituent « …une mesure efficace du risque que l’entreprise pourrait prendre en ne respectant pas ces indications… ». En outre, le Président Masturzo déclare que « …sous le profil médiatique, la Federolio ne vise pas à protéger un secteur opérationnel non conforme aux « normes… ».

Un autre passage de la lettre est en outre significatif : « …Il existe un deuxième tournant, une zone dans laquelle des comportements tout à fait légaux sont toutefois ambigus pour beaucoup de personnes, voire trompeurs ;

Comme mentionné précédemment, ces comportements nous exposent à des attaques médiatiques répétées qui jetteraient le discrédit sur notre catégorie.

Je crois :

que ces comportements doivent être fortement déconseillés par la Federolio aux propres associés, et

que la Federolio doive se déclarer publiquement contre de tels comportements ».

L’introduction et l’application de normes plus strictes que celles juridiques devraient toujours être appréciées, si le but est de protéger le consommateur, de lui fournir des produits plus sains et sûrs, c’est-à-dire d’améliorer la qualité dans l’ensemble de l’huile d’olive vierge extra sur le marché.

Je ne crois pas que ce soit le cas ici, parce que, peut-être consciemment, le mot « qualité » n’est jamais mentionné dans l’ensemble du document. De même, le mot « consommateur » est absent.

L’introduction des normes Federolio, clairement et explicitement due au scandale Guariniello, a un but politique, à savoir la réalisation d’objectifs « politiques ». D’un côté, la Federolio souhaite sûrement se défaire de la tension médiatique sur l’huile d’olive vierge extra, d’un autre côté elle voudrait impliquer, ou tout au moins avoir le consentement de la filière agricole sur les propres demandes à adresser à la politique.

L’hypocrisie sur les comportements jugés « ambigus aux yeux de nombreuses personnes, voire trompeurs » est également significative. D’un côté, ils sont déconseillés, même « fortement », aux associés. D’un autre côté, la Federolio se déclare publiquement contraire. Mais si une association se déclare publiquement contraire à certains comportements, ne devrait-elle pas les interdire, sous peine d’exclusion, à leurs associés ? Apparemment, pas chez Federolio où « chaque entreprise conserve la pleine liberté et l’autonomie dans le choix de ses politiques d’entreprise, y compris le choix de ne pas se conformer, en tout ou en partie, de temps en temps ou systématiquement, aux indications de l’association ». Chacun pour soi et Federolio pour tous, mais seulement quand c’est nécessaire.

À cet égard, cependant, une question se pose. Si les entreprises adhérentes à Federolio peuvent en toute impunité rejeter les indications provenant de l’association, pourront-elles le faire également en ce qui concerne l’accord récent sur le prix minimum garanti ? Y aura-t-il donc des entreprises adhérentes à la Federolio qui pourront, si elles le voudront, refuser le règlement de la prime de 40 centimes par kilo pour l’huile vierge extra italienne de qualité ? Je sais que certaines entreprises associées à la Federolio étaient contraires au pacte de filière…

d’Alberto Grimelli